à l'ennemie aimée


Tes mains ont saccagé mes trésors les plus rares,
Et mon cœur est captif entre tes mains barbares.

Tu secouas au vent du nord tes longs cheveux
Et j'ai dit aussitôt : Je veux ce que tu veux.

Mais je te hais pourtant d'être ainsi ton domaine,
Ta serve Mais je sens que ma révolte est vaine.

Je te hais cependant d'avoir subi tes lois,
D'avoir senti mon cœur près de ton cœur sournois

Et parfois je regrette, en cette splendeur rare
Qu'est pour moi ton amour, la liberté barbare


Renée Vivien (1877-1909)



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